9 mois de
Toi.
Avec ton papa, nous avons décidé de faire un bébé un soir de juin 2019, lors d’une discussion aux lumières tamisées, sur l’oreiller. Ce souvenir restera gravé dans ma mémoire tout autant que les grands événements qui suivront.
Le 24 juillet 2019, j’enlevais mon stérilet. Le 25 juillet 2019, tu te nichais au creux de mon ventre. Tu étais pressé de faire ta place, de faire de nous une famille ; et nous aussi !
Le 06 septembre, nous sommes partis en voyage en Oregon, déjà tous les trois. On t'a bringuebalé dans un gros van, en randonnée dans les hautes montagnes, en VTT, en camping à la belle étoile, au coin du feu… Et tu es resté bien accroché, au chaud.
Moi, je n’étais pas au top de ma forme. Nausées, grosse fatigue, intolérance radicale à l’odeur du café… Le lot classique du premier trimestre de grossesse.
Mais qu’importe ! Nous étions ensemble pour visiter ce magnifique état. C'était notre premier voyage à trois, duquel nous avons ramené de précieux souvenirs.
Le 15 octobre, nous sommes de retour sur notre rocher. Atterrissage à l’aéroport de Juliana à 12h30, et dans la foulée, première grosse échographie à l’hôpital de St. Martin pour te regarder sous toutes les coutures.
Quelle émotion de te découvrir
et de te voir t’agiter dans tous les sens en moi. Tu es déjà un vrai petit bébé
avec deux jambes, deux bras, 10 petits doigts… Et pourtant tu ne mesures que 8 centimètres.
Nos 8 centimètres de bonheur.
Pour l’instant je n’ai pas pris de poids, je pèse 52kgs. Mon ventre reste plat, avec un léger arrondi qui se forme en soirée et que seuls ton papa et moi pouvons remarquer. Autre bonne nouvelle : ma forme physique fait son grand retour et les nausées (pas forcément) matinales disparaissent.
Quelques jours plus tard, les résultats de cette première échographie avec la recherche d’une éventuelle trisomie 21 nous reviennent. La sage femme qui me suit, Carole, m’appelle et m’annonce une probabilité de 1/1000, qui est la nouvelle "limite” et qui entraine un nouveau test, une nouvelle prise de sang et 3 semaines d’attente avant la réception des nouveaux résultats. Petite baisse de moral pour ma part... Qui s’avère inutile car les résultats nous reviennent négatifs. Tu es déjà parfait mon bébé !!
Quelques jours plus tard, Carole m’appelle. Les résultats de la prise de sang du mois indique une positivité à la fameuse toxoplasmose.
Je suis abattue, moi qui ai respecté minutieusement les préconisations liées à la grossesse. Et puis, qu’est ce que cela veut dire pour toi ?
Carole me rassure en me parlant d’un très probable « faux positif » puisque le reste des résultats sanguins ne confirment pas une toxo positive.
Mais dans le doute, c’est antibiotiques 3 fois par jours, jusque l’accouchement...
Et puis boom. Corona virus par ci, COVID-19 par là.
15 mars : fermeture de l’aéroport de Juliana.
17 mars : confinement total.
Repos forcé pour tout le monde et angoisse générale.
Pour ma part, ma véritable peur est la situation locale. Je suis supposée te mettre au monde dans un mois, mais dans quelles conditions ? L’hôpital sera-t-il inondé de cas positifs ? Mais surtout, ton papa sera t'il accepté pour la naissance ? En France, beaucoup de maternités l’interdisent. Aucune visite, aucun accompagnant, à aucun moment. Pour l’instant ici, on n’en est pas là.
Ma copine Stéphanie, sage femme à l’hôpital, m’informe des décisions locales : pas de visites mais les papas sont acceptés pour la naissance. Pas avant (à partir d’une dilatation du col à 6cm), et pas après (le post-partum à la maternité se fera en solo)
mais pendant : OUI. Quel soulagement !
Autant je suis sereine quant à l’accouchement, autant je me sens incapable d’y arriver « toute seule », sans ton papa.
Le dernier mois avant Toi se passe comme dans un mirage. Le temps est suspendu dans cette folle période. La seule chose qui est bien palpable, c’est ce ventre qui n’en finit plus de grossir !
Chaque jour je pense avoir atteint un record imbattable. Chaque lendemain me prouve le contraire.
Nous passons nos journées à la maison (forcément) et nos fins d’après-midi sont rythmées par une balade autour de la Baie Orientale, munis de nos « autorisations de déplacement ». La mer me fait du pied. Avec mes +9kgs et la super météo je n’ai qu’une envie : nager. “Voler” avec légèreté (ça fait comment déjà ?!) dans l’eau. Mais c’est interdit.
J’ai vraiment hâte que tu arrives.
Le 9 avril, une grande pleine lune
est annoncée. Je suis à 38 semaines de grossesse. On y croit dur comme fer.
Mais rien ne se passe, tu restes confiné dans le plus doux des confinements. Tu as bien raison. Quelle idée de débarquer dans un monde pareil !
Le 14 avril arrive. Me feras-tu une belle surprise pour mon anniversaire ?
Niet.
"Chacun son jour maman."
Le dimanche 19 avril,
on bafoue cette nouvelle loi qui interdit les déplacements “non impérieux” ainsi que les rassemblements et on file chez ton papi et ta mamie. Nous nous y rendons à pied depuis la Baie Orientale, et par la plage (nature et distanciation sociale svp).
Là bas, j’apprécie tellement la piscine que j’enchaîne les longueurs... 150 au total
! C’est une douce et belle journée.
Et puis ce soir là, à 21h, devant Netflix : les premières contractions se font sentir. Tu seras là le 20 avril 2020
mon bébé, je le sens, je le sais.
Le prénom ? C’est toi qui nous le dira.